La palissade

 

      Cette série de photographie est issue d'un voyage effectué en République centrafricaine en 1991. J'ai eu à cette occasion, grâce aux missionnaires qui m'ont accueilli, la chance d'avoir été introduit dans de nombreux villages, d'y rencontrer leurs habitants, de découvrir leur mode de vie, leur relation à la terre. La palissade est un mot qui, dans certaines régions d'Afrique, désigne la paille, matériau omniprésent dans la nature et dans la vie.

 

 

       J'ai fait au cours de mon séjour de nombreux clichés à la volée, m'attachant plus spécialement à des objets ou à des traces succitant ma curiosité, qui me semblaient chargés de sens aussi. Afin de m'abstraire de préjugés liés à ma culture, j'étais à l'écoute de mes sens, laissant le mental de côté. Le point de vue est toujours le même, le plus souvent dirigé vers le sol. Je considérais le paysage comme porteur de signes dont je ne possédais pas les codes et que je ne pouvais que tenter de déchiffrer.

       Le travail m'évoque finalement une profonde communion entre l'Homme et la nature. Berceau fragile, mère nourricière, lieu de vie, la terre apparaît comme un élément sensible dont les stigmates nous racontent une histoire. Marquée de ses empreintes, cette dernière devient le miroir de la vie dont le cycle se perpétue à l'infini comme un éternel recommencement. La naissance et la mort sont intimement liées et se confondent parfois dans le ressenti induit par les les images. Parfois inquiétantes, peut-être sont-elles le miroir d'un pressentiment des violents conflits à l'oeuvre de nos jours dans cette région.