Lors d'une dizaine
de voyages, j'ai parcouru des villes telles que Dresde, Zwickau,
Schleiz, Plauen ou Gera, un monde alors surréel pour moi, presque
monochrome. Les rares tâches de couleur qui ponctuaient le paysage
urbain n'étaient que les prémices d'une mutation qui allait s'avérer
plus rapide que ce que l'esprit ne pouvait imaginer à l'époque.
J'ai photographié
ces villes terriblement tristes comme autant de lieux inhabitées.
C'est ainsi que je les percevais. C'est le sentiment qui ressort
à la vue de Unruhe. Stillstand nous transporte dans le véritable
no man's land, bande de terrain minée et grillagée de quelques
dizaines de mètres de large qui séparait les deux Allemagnes.
J'en ai photographié les traces ; comme celles des anciens postes
de contrôle abandonnés qui, par l'effet du brouillard, semblent
jaillir de nulle part. Ils furent rasés peu après mon passage.
Un pays déshumanisé donc, bien que dans Wandlungen des transformations,
chirurgicales ou quelquefois plus marquées, semblent s'opérer
dans le paysage, trahissant par là même quelque activité. Seul
personnage de cette fresque, sur la dernière image de Wandlungen,
une femme dans un tramway. Pas un portrait, une présence plutôt.
Elle porte un bouquet de fleurs …
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